Déclaration de Politique Communale 2024-2030 : Entre Ambitions et Flou

La nouvelle Déclaration de Politique Communale (DPC) 2024-2030 a été dévoilée. Comme à chaque début de législature, ce document fixe les grandes orientations que la majorité souhaite mettre en œuvre pour les six prochaines années. Il s’agit d’une étape essentielle dans la gestion communale, un engagement public qui doit donner une vision claire et cohérente de l’avenir d’Engis.
Pourtant, une question s’impose immédiatement : comment ces engagements seront-ils réellement mis en œuvre ? Car si les intentions affichées sont souvent intéressantes, elles restent bien trop floues et ne s’accompagnent d’aucune garantie concrète quant à leur réalisation. Plus inquiétant encore, cette déclaration ne respecte pas totalement les obligations légales imposées par le Code de la Démocratie Locale, notamment en matière de transparence budgétaire.
Des intentions louables…
Il serait injuste de dire que cette DPC est vide de propositions. La majorité affiche une volonté certaine d’améliorer la vie des Engissois à travers plusieurs axes importants. Parmi eux, la participation citoyenne est mise en avant avec l’annonce d’assemblées villageoises régulières censées renforcer le dialogue entre la commune et ses habitants. Cette idée est intéressante sur le papier : Engis a besoin d’une démocratie plus directe, plus participative.
L’un des points positifs de cette DPC réside dans la volonté de moderniser la communication communale, gros manquement de la législature précédente. La refonte du site internet et l’utilisation accrue des réseaux sociaux pour lutter contre la désinformation sont des initiatives bienvenues. Une communication plus fluide et plus accessible permettra, en théorie, aux citoyens d’être mieux informés des décisions prises en leur nom.
Enfin, nous saluons la création d’une compétence échevinale dédiée au bien-être animal. Nous avions d’ailleurs fait campagne pour mettre en avant ce manquement. Le suivi des politiques de protection animale est un sujet qui mérite toute notre attention et l’annonce de différents projets vont clairement dans le bon sens.
… mais une DPC qui manque d’ambition et de vision globale
Si cette Déclaration de Politique Communale affiche des intentions louables, elle reste trop vague et insuffisamment ambitieuse sur plusieurs enjeux majeurs. Aucune stratégie claire n’est proposée, les engagements restent généraux et manquent de mesures concrètes et chiffrées. Les projets évoqués restent trop vagues pour être évalués sérieusement : combien de nouvelles caméras de surveillance seront installées ? Quels quartiers bénéficieront des reboisements annoncés ? Quel sera l’investissement pour moderniser les espaces publics ? Ce manque de précisions rend impossible toute lecture crédible de cette DPC. Sans actions fortes et structurées, elle risque de rester une simple déclaration d’intentions.
De plus, il y a également une absence totale de calendrier précis pour la mise en œuvre des projets annoncés. Certaines intentions sont là, mais rien n’indique quand elles deviendront réalité. On parle de renforcer la sécurité, d’améliorer la propreté, de développer des infrastructures sportives ou encore de favoriser la participation citoyenne, mais sans la moindre échéance, ni plan de déploiement détaillé. Comment savoir si ces engagements seront tenus dans un an, trois ans ou jamais ?
Un document en contradiction avec le Code de la Démocratie Locale
Au-delà du manque de précisions sur la mise en œuvre des projets annoncés, un problème plus grave se pose : cette DPC ne respecte pas totalement la loi.
Le Code de la Démocratie Locale stipule clairement que toute Déclaration de Politique Communale doit comporter un volet budgétaire qui expose les grandes orientations financières de la législature.
Art. L1123-27. §1er. Dans les deux mois après la désignation des échevins, le collège soumet au conseil communal une déclaration de politique communale couvrant la durée de son mandat et comportant au moins les principaux projets politiques ainsi qu’un volet budgétaire reprenant les grandes orientations en la matière.
Or, ce document ne contient aucune donnée chiffrée. Pas une seule ligne sur les investissements prévus, les sources de financement mobilisées, les éventuelles augmentations d’impôts ou d’emprunts nécessaires à la réalisation des projets. Elle constitue une infraction aux obligations légales et fragilise considérablement la crédibilité de l’ensemble de cette déclaration.
Un autre point interpelle : la présentation du Programme Stratégique Transversal (PST). Selon la loi, celui-ci doit être soumis dans les six mois suivant la désignation des échevins.
Art. L1123-27. §2. Le conseil communal prend acte du programme stratégique transversal, que le collège communal lui présente, dans les six mois qui suivent la désignation des échevins […]
Or, la majorité communale annonce qu’il ne sera présenté qu’en septembre, ce qui dépasserait le délai légal. Si cette échéance n’est pas respectée, la commune serait alors officiellement hors délai, ce qui poserait un sérieux problème de rigueur et de conformité avec les obligations légales.
Loin d’être un simple détail administratif, ce retard pourrait traduire une difficulté à structurer un plan d’action concret et réaliste, à la hauteur des promesses de la DPC. Si le PST est à son tour flou, cela confirmerait que cette déclaration n’était qu’une liste d’intentions sans véritable ancrage dans la réalité financière et administrative.
Ces écarts par rapport aux obligations légales posent un problème majeur de transparence et de rigueur démocratique.
Le prochain test : le Programme Stratégique Transversal (PST)
Si la DPC est une déclaration d’intentions, le véritable test pour cette majorité sera la publication du Programme Stratégique Transversal (PST). Ce document devra impérativement détailler les projets annoncés, préciser les budgets mobilisés et fixer des échéances claires.
Sans un PST précis et rigoureux, cette DPC restera un simple exercice de communication, une liste de promesses électorales sans véritable ambition de mise en œuvre. Comment les citoyens peuvent-ils juger de la faisabilité de ces engagements si aucune feuille de route budgétaire et aucun calendrier précis ne leur sont communiqués ?
Une DPC incomplète et préoccupante
Nous sommes un peu inquiets quant à cette DPC 2024-2030. Un peu satisfaits tout de même car certaines idées, si elles sont concrétisées, pourraient améliorer notre cadre de vie. Mais surtout inquiets, car le manque de transparence budgétaire et l’absence d’engagements clairs en matière de mise en œuvre peuvent jeter un sérieux doute sur la faisabilité réelle de ces promesses.
Engis mérite une politique réaliste, portée par des élus qui prennent des engagements précis et chiffrés. Nous serons là pour suivre de près l’évolution de ces deux documents importants ainsi que de ces engagements, et exiger des actions concrètes, au service des Engissois.